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Perlicules
13 juillet 2012

The Woman from the Sea : retour aux sources du fantastique

Réalisateur : Koreyoshi Kurahara

Pays : Japon

Année : 1959

Woman from the Sea

Expérience magique que la découverte de ce petit chef-d’œuvre du cinéma fantastique japonais ! Dans un noir et blanc contrasté et très lumineux, le réalisateur renoue avec une thématique chère au genre, tant en littérature qu’au cinéma, celui de la créature féminine tentatrice qui, des succubes de l’Antiquité à La Morte Amoureuse de Théophile Gautier, incarne à la fois le désir et le danger. Et lorsque ce désir de l’homme mortel pour la créature fantastique se transforme en amour réciproque, l’intrigue, quoique classique, prend toute sa dimension d’aventure.

Toshio, riche bourgeois orphelin d’un père fortuné, vit dans une maison au bord de la mer avec sa gouvernante, en froid avec sa mère résidant à Tokyo. Contrairement à son frère qui habite également la région et qui est connu pour être un fêtard et un séducteur, Toshio est un jeune homme solitaire, farouche, dont la seule passion semble être la pêche au harpon et les promenades en mer sur son bateau à voile. Un de ses amis, l’écrivain Tsutsumi, que l’on sait parfois sujet à des hallucinations, est sûr d’avoir vu une femme la nuit sur le bateau de Toshio. Ce dernier la rencontre le lendemain et se lie d’amitié avec elle avant d’en tomber amoureux. C’est une fille d’une grande beauté mais très singulière puisqu’elle prétend pêcher le poisson à mains nues et passer toutes les nuits en mer. Par ailleurs, elle préfère manger le poisson cru et en vole parfois dans un élevage non loin. L’intérêt du personnage réside en ce qu’elle répond laconiquement et très naïvement aux questions du jeune homme et qu’elle semble elle-même ne pas avoir conscience d’être différente, ne cherchant jamais à dissimuler ou à se faire passer pour une “fille normale”. Une romance passionnée finit par se jouer entre les deux jeunes gens qui vont avoir à déjouer les pièges des pêcheurs du village, persuadés que cette jeune fille est l’esprit vengeur d’un requin mort, responsable de la mort de plusieurs hommes, dont le frère de Toshio qui se laissera séduire par la belle lors d’un voyage en bateau et qu’on n’a jamais revu revenir.

L’atmosphère, à la fois mystérieuse et romantique, est très bien rendue dans ce film, entre vues sous-marines, bruit des vagues contre la falaise et airs de ukulélé sur le balcon de la villa. Il y a quelque chose de candide dans ce récit qui lui donne tout son caractère de fascination. Exploitant d’une manière tout à fait originale le mythe de la sirène, le réalisateur nous présente une jeune fille sans queue de poisson mais à la beauté troublante, qui apparaît toujours vêtue d’une sorte de maillot de bain rudimentaire et qui semble ne pas avoir de nom puisqu’elle ne le dit jamais et que personne ne le lui demande. La bande des pêcheurs superstitieux, aux gueules très typées, occupe aussi une place de choix dans la distribution et leur jeu dans une des scènes finales, celle de la traque, en fait un morceau d’anthologie que je recommande à tous mes lecteurs cinéphiles. Une des belles découvertes de ce NIFFF 2012.

 

La phrase du film

L’écrivain Tsutsumi, s’adressant à Toshio au moment de son départ : « Je n’avais donc pas rêvé cette nuit-là. Cette fille était bien là, avec ses grands yeux clairs, ses longs cheveux et ses membres élancés. Elle a vraiment existé pour vous. Toujours vous resterez avec ce rêve. Quel beau rêve estival… »

 

 

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