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Perlicules
25 mai 2015

The Canal : l’ombre envahissante d’un doute

Réalisateur : Ivan Kavanagh

Pays : Irlande

Année : 2014

The Canal

Il est rare qu’un film d’épouvante me fasse vraiment frémir et tressauter sur mon siège, c’est pourtant le cas de The Canal. La tension, la trame sonore, les tiraillements entre le récit factuel et la subjectivité du héros, l’esthétique cauchemardesque, la construction en crescendo : tout contribue à faire de ce film une réussite du genre.

David, qui travaille comme archiviste dans un fonds audiovisuel, et son épouse Alice, vivent avec leur fils Billy depuis cinq ans dans la maison qu’ils ont achetée. Tout se passe bien jusqu’à ce que David soupçonne sa femme de le tromper avec un de ses collègues. La nuit où il a enfin la confirmation de cette infidélité, Alice ne rentre pas et après quelques jours, on retrouve son corps sans vie dans un canal. David est soupçonné de meurtre mais il est quant à lui persuadé que l’assassin, qui n’est peut-être pas humain, a un rapport avec leur maison, dans laquelle un homme a assassiné son épouse un siècle plus tôt, comme il l’a découvert en visionnant de vieilles pellicules. Confronté à des femmes de son entourage qui tentent de le raisonner et qu’il ne parvient pas à convaincre (sa collègue Clara et Sophie la baby-sitter), il poursuit seul son investigation et s’enfonce peu à peu dans la folie. Alors que la plupart des films de ce type nous présentent un enfant effrayé par des éléments surnaturels et des parents sceptiques et rassurants, c’est ici tout le contraire : David, réceptif aux hypothèses les plus fantasques, se comporte d’une manière de plus en plus incongrue alors que Billy, étonné par l’attitude de son père mais pas plus inquiet que ça, est le personnage du film qui semble le plus équilibré et qui fait preuve, peut-être par insouciance, du plus de sang froid.

Contrairement à ce que laisse entendre la trame, nous sommes assez loin du récit classique de maison hantée. Une comparaison, presque incontournable, m’a traversé l’esprit à plusieurs reprises durant la projection : Polanski. L’atmosphère qui se dégage de The Canal est vraiment très proche de celle qui domine dans un film comme Le Locataire, et les deux œuvres ont beaucoup en commun : le thème de la paranoïa, le doute quant à la santé mentale du personnage principal, la double lecture des événements, la progression graduelle dans l’irrationnel et surtout une maîtrise remarquable dans la représentation du cauchemar. C’est sans doute là le point le plus fort du film, celui qui lui donne sa charge horrifique en exploitant, comme savent bien le faire les maîtres du cinéma d’épouvante, ce qu’il y a de plus régressif, donc de plus terrifiant, dans cet imaginaire. Les toilettes publiques sordides au bord du canal, les guirlandes de Noël dans la maison obscure, les variations brusques de volume dans les bruitages, les lumières rouges, les bruissements derrière les murs, une silhouette indistincte dans les hautes herbes de la berge… Après les cauchemars revient le réel mais il n’est pas d’une nature plus rassurante : le réalisateur se plait à présenter des plans entier dans lesquels il coupe le son et ne laisse qu’un vague motif musical pour bien faire ressentir la solitude, l’enfermement du personnage, comme dans cette scène où, sur un pont, il observe les policiers draguer le canal et repêcher le corps d’Alice. Un film qui atteint son objectif et qui ne devrait pas laisser indifférents les amateurs du genre !

 

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