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Perlicules
23 janvier 2015

What we do in the Shadows : les affres de la collocation

Réalisateur : Taika Waititi et Jemaine Clement

Pays : Nouvelle Zélande

Année : 2014

What we do in the shadows

Le “documenteur” (ou mockumentary en anglais) est un genre qui, contrairement au found footage avec lequel il partage un certain nombre de points communs, a su ne pas se cantonner au cinéma d’épouvante et déborder sur des registres comme celui de la comédie. C’est le cas avec ce film, réussite du genre, dans lequel un “documenteuriste” (cantonné au rôle du caméraman, forcément hors champ) nous emmène dans le quotidien d’une collocation néo-zélandaise. Cette collocation a ceci de particulier que les quatre compères qui la forment ne sont autres que des vampires. Viago, Deacon, Vladislas et Petyr, 183 ans pour le plus jeune et 8000 ans pour le plus âgé, partagent un appartement et doivent cohabiter, les mœurs et les valeurs des uns et des autres étant souvent tributaires de l’époque qui les a vu naître. Mais au-delà du choc des générations, les problèmes auxquels ils sont confrontés sont ceux de toutes les collocations : la répartition des tâches (qui a oublié de faire la vaisselle pendant cinq ans ?), les exigences de propreté (il faut mettre du papier-journal sur le sofa avant de saigner les invités), le respect des propriétés individuelles, etc. Heureusement, un des colocataires s’est adjoint les services d’une servante, une humaine, qui accomplit les tâches les plus rébarbatives (nettoyer les sols, aller au pressing avec le linge ensanglanté) en échange de la vie éternelle, promesse qu’il tarde à tenir, peu désireux de se séparer d’une auxiliaire aussi utile. Et l’existence se poursuit, entre repas, sorties, ravitaillement ou préparation au Bal masqué impie qui a lieu chaque année et réunit les vampires, sorcières et zombies de la région.

L’arrivée d’un nouveau personnage, un jeune homme ramené à la maison comme victime mais transformé en vampire par erreur, va changer un peu la donne. Partagé entre le désespoir d’être un vampire (il souffre de désocialisation) et la fierté d’être un vampire (il s’en vante dans tous les bars quand il a un coup dans le nez), le nouveau venu peine à se plier à la discipline du groupe et au culte du secret, attire l’attention inutilement en rentrant par la fenêtre (il avait toujours rêvé de savoir voler, son rêve s’est réalisé !) et amène sont lot d’ennuis, attirant successivement dans la collocation un chasseur de vampires, des policiers, ainsi que son meilleur ami Stu, un informaticien, qui s’intégrera parfaitement et deviendra leur seul ami humain avant d’être malencontreusement, par une nuit de pleine lune, dévoré par une meute de loups-garous. Ces derniers, avec lesquels les vampires se réconcilieront à la fin, sont présentés comme une sorte de gang rival, ayant eux aussi leurs propres codes, sur lesquels les réalisateurs jouent avec beaucoup de dérision.

On pense beaucoup aux Monty Python en voyant ce film, que ce soit devant le jeu des acteurs, l’écriture des dialogues ou le type d’humour. Ce qui rend le film si dense et si drôle, c’est son exploitation la plus complète possible de toutes les blagues imaginables qu’on puisse faire autour du mythe du vampire et de ses nombreuses caractéristiques. Le ressort de ces effets comiques, simple mais irrésistible, est toujours le même : ramener à un niveau trivial, bêtement concret, des éléments allégoriques ou symboliques en les prenant au premier degré. L’un des plus judicieux est sans doute l’habitude incongrue des amis qui, lorsqu’ils sortent en ville la nuit, insistent auprès des videurs de boîtes de nuit pour que ceux-ci leur souhaitent explicitement la bienvenue : en effet, un vampire ne peut pas entrer dans un lieu s’il n’y a pas été formellement invité… Ou lorsque le plus jeune des compères apprend aux autres à utiliser internet et qu’ils peuvent ainsi, grâce à Youtube, admirer un lever de soleil, chose qu’ils n’avaient pas faite depuis des siècles…

 

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