Rec 3 : en chair et en noces
Réalisateur : Paco Plaza
Pays : Espagne
Année : 2012
Ce troisième volet de Rec rompt avec le style des précédents. En effet, si les deux premiers films étaient de pures œuvres de found footage et parmi les plus grandes réussites du genre, le troisième revient à une forme beaucoup plus classique et troque la terreur contre une sorte de suspense mâtiné de pas mal d’humour et d’une surenchère dans le gore. Rec 1 nous emmenait dans un immeuble en quarantaine avec une équipe de pompiers et nous effrayait sans nous laisser comprendre grand chose ; Rec 2 poursuivait l’exploration de l’immeuble avec d’autres personnages munis d’un caméscope et nous donnait quelques explications quant à l’origine des problèmes ; Rec 3 construit sur la base du même problème et des mêmes origines un récit situé dans un tout autre milieu et développé d’une manière complètement différente, moins soucieuse de réalisme.
Le premier quart d’heure du film, qui est la partie qui plaira sans doute le plus aux puristes du found footage, reste dans la ligne technique des films précédents car il s’agit d’images d’un mariage tournées caméra à l’épaule par un ami du couple. Au moment où les ennuis commencent (une sorte d’épidémie de zombification de tous les invités), quelques survivants se cachent dans la cuisine, la caméra est brisée et la partie found footage s’arrête. L’histoire continue alors comme un film traditionnel, c’est-à-dire sans présence d’un personnage-caméraman. S’ensuivent diverses courses-poursuites à travers les couloirs de la salle des fêtes, les jardins et les tunnels, des attaques de zombies et un groupe de rescapés qui s’amenuise minute après minute. L’élément comique est surtout amené par quelques personnages, comme le grand-père sourd (c’est un zombie particulièrement résistant car il n’entend pas les paroles d’exorcisme du prêtre), l’animateur de soirées déguisé en John l’Eponge (car il y avait un problème de droits avec Bob), l’inspecteur de la propriété intellectuelle qui vient prendre note des chansons chantées pendant le mariage… Le personnage le plus réussi est incontestablement celui de Clara, la mariée, nerveuse et énergique dans sa robe nuptiale, parfois armée d’une tronçonneuse, et qui fera tout ce qu’elle peut pour survivre et pour retrouver son mari.
En ce qui concerne le scénario, Rec 3 revient sur un élément important introduit dans le second volet, à savoir que les créatures agressives et meurtrières que nous voyons ne sont ni à proprement parler des zombies ni des infectés (au sens d’un virus qui les aurait touchés) mais plutôt des possédés. Le sous-titre du film – Genesis – n’est pas innocent : nous assistons au débarquement sur terre d’entités démoniaques appartenant à l’autre monde, et le prêtre qui a célébré le mariage de Clara parvient plus ou moins à hypnotiser les créatures en leur récitant le texte de la Genèse.
Nous avons là un divertissement qui se laisse regarder, plus démonstratif que suggestif, créant une certaine distance entre le film et le spectateur par l’exploitation outrée de certains effets gore. Il n’a toutefois ni l’originalité ni la puissance horrifique des deux premiers volets et c’est à ceux-ci qu’on se reportera avec profit si on souhaite vraiment se laisser surprendre.